Trop cher pour de la 2D !
Retour en juin 2023. Noyé dans la masse du Summer Game Fest, Prince of Persia : The Lost Crown ne passe pas inaperçu mais est mal perçu. Au milieu des Spider-Man 2 et autres Starfield, c’était couru d’avance : il reçoit l’étiquette de « petit jeu en 2D ». D’autant plus que la date de sortie est seulement éloignée d’un semestre ; il n’y a alors plus aucun doute, The Lost Crown n’est qu’un projet secondaire, on lui colle cette étiquette et c’est parti. Peu importe que la bande-annonce porte les signes d’une production cossue, on dirait un jeu flash et puis c’est tout.
Une semaine avant la mise sur le marché, une démo apparaît sur les boutiques en ligne. Les retours sont très bons, et les curieux s’apprêtent déjà à faire une place à ce Prince of Persia pour respirer entre deux titres majeurs. The Lost Crown sort ensuite à la date promise, soit le 18 janvier. PC, Playstation, Xbox et Switch, servez-vous, il y en aura pour tout le monde. Mais tout à coup, c’est le drame : le jeu coûte 50 euros !
C’est du vol !
50 euros pour un « petit jeu en 2D », jamais de la vie ! A ce prix-là, on peut s’offrir Alan Wake 2, s’acheter deux fois Hadès ou presque trois fois Hollow Knight. Même ce grippe-sou de Nintendo vend son Metroid Dread 10 euros moins cher, bien qu’il soit originellement copropriétaire du metroidvania. D’ailleurs, un metroidvania, c’est de l’indé à 20-25 euros maximum, faut pas déconner. Tant pis pour l’actu, on achètera le jeu en solde, on a l’habitude avec Ubisoft. Et parlons-en d’Ubi qui ne met même pas son jeu sur Steam, quelle blague…
En un éclair, toutes ces réactions ont rendu le verdict des réseaux sociaux : à ce prix-là, The Lost Crown ne va pas se vendre. Bien vu apparemment, la rumeur veut que 300.000 copies « seulement » se seraient vendues en quinze jours. Sur le boulier compteur d’Ubisoft, ça s’appelle un échec. Si on ricane chez ceux qui nous l’avaient bien dit, l’incompréhension est vive chez les premiers acquéreurs. Et moi aussi, après en avoir fini la quête principale, je me demande bien comment il est possible de qualifier The Lost Crown de petit jeu, quel que soit le sens du terme.
2D = indé
Comme le générique de fin semble long quand on veut repartir à la quête du 100 % ! La faute à la foule de personnes qui y sont créditées. On est loin, mais alors très loin du « développeur solitaire qui a tout fait sauf la musique ». Les collaborateurs et collaboratrices n’ont pas de multiples casquettes, ils et elles ont un rôle bien défini comme dans une grosse production. Cela se ressent dans le niveau de finition à tous les niveaux. Un simple exemple : les dialogues sont doublés dans plusieurs langues, dont le farsi pour une plus grande immersion dans cette Perse de légende. Pour faire court, The Lost Crown n’est pris en défaut dans aucun domaine.
Tout en haut du genre ?
Cet article n’étant pas une critique, je ne vais pas énumérer toutes les qualités du jeu. Sachez seulement qu’il m’a fait relancer Symphony of the Night, parce que je me demandais si The Lost Crown n’était pas le meilleur metroidvania auquel j’avais joué. En réalité, le titre fondateur de Konami et ce nouveau Prince of Persia sont bien différents, mais il est difficile pour moi de les départager clairement. Si l’aura de Symphony of the Night restera gravée dans ma mémoire plus durablement, j’estime que The Lost Crown m’a procuré plus de plaisir immédiat. Car il s’agit d’un remarquable jeu d’adresse qui réunit d’excellents défis de plateformes et un système de combat qui n’a pas son pareil dans le genre.
La progression est ultra fluide, presque féline tant le héros se déplace avec légèreté et grâce, sans la moindre frame de maladresse. Il faut bien cela pour échapper aux nombreux pièges de l’environnement, un vrai marqueur de filiation avec le premier Prince of Persia. Évidemment, on se bat nettement plus que dans l’original de Jordan Mechner, mais quelle réussite d’action ! La maîtrise des techniques d’attaque et de parade procure une joie ludique intense qui atteint son paroxysme dans les combats de boss. C’est là que la mise en scène se déchaîne, appuyée par la musique qui monte dans les tours et par des attaques spéciales qui renvoient aux meilleures « ultras » de Street Fighter. Magistral, on n’a jamais fait mieux dans le genre selon moi.
L’argent, toujours l’argent
Au moment d’écrire ces lignes, Ubisoft vient de remettre une pièce dans le jukebox du débat sur le positionnement tarifaire. Premièrement, l’éditeur a déjà soldé son jeu, d’abord sur Xbox et puis sur les autres supports. Deuxièmement, il a annoncé une série de contenus téléchargeables, dont un DLC d’histoire qui sera payant. L’occasion, sans doute, de relancer la discussion sur le prix… Mais si vous m’avez lu jusqu’ici, j’espère vous avoir convaincu d’une chose : Prince of Persia The Lost Crown est vendu au juste prix pour un jeu de cette ampleur et de cette qualité.
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