Diablo IV

Diablo IV

Le chaos menace de consumer Sanctuaire alors que la bataille entre les Cieux et les Enfers fait rage. Tandis que la Lumière resserre ses rangs autour de sa Cathédrale, il reviendra à vous, Nephalem, de faire la différence et de contrecarrer l’émergence de Lilith. Déjà 10 ans que Sanctuaire n’avait pas connu de nouveau rebondissement, Blizzard profite ici de l’évolution technique des PC et d’une nouvelle génération de consoles pour proposer son massacre de démons à la sauce 2023. Désirant renouer avec l’ambiance glauque et torturée des deux premiers épisodes, cet opus fait donc fi de l’héritage de World of Warcraft pour revenir à sa propre identité, beaucoup plus adulte et désespérée.

Highway to Hell

Après un accès anticipé qui nous avait déjà permis de découvrir en surface ce que ce nouvel épisode allait proposer, il était désormais temps de se lancer à corps perdu dans un scénario divisé en 6 actes. Les trois premiers pourront être entamés dans l’ordre que vous préférez, les ennemis rencontrés se calquant à votre niveau actuel, ce qui sera d’ailleurs le cas tout au long de l’aventure. À partir du quatrième chapitre, vous aurez accès à une monture, petit ajout de cet épisode, qui vous permettra de traverser les nuées de monstres dont la rencontre ne vous intéresse plus pour vous rendre plus rapidement à destination. La cinquième partie, plus traditionnelle, aboutira à un sixième acte qui ne lâchera plus la pression avant le combat final. Ensuite, un épilogue vous permettra de vous remettre les idées en place avant d’entamer le véritable nerf de la guerre. À moins d’avoir traversé le jeu sans aucune quête secondaire, votre personnage dépassera le niveau 50, condition obligatoire afin de débloquer le mode de difficulté Cauchemar et ainsi l’accès aux donjons et aux créatures qui vous permettront de looter de l’équipement bien plus puissant que celui trouvable pendant la quête principale. Vous ne dépenserez quasiment plus de points de compétences mais de Parangon qui augmenteront les capacités de votre personnages de façon bien plus significative.

Je ne vous ferai pas à nouveau l’explication du système de jeu, celui-ci n’ayant quasiment pas évolué, mais je vous encourage alors à parcourir mon aperçu du jeu lors de sa phase beta. Sachez cependant que vous pourrez créer jusqu’à dix personnages parmi 5 classes disponibles : barbare, nécromancien, sorcier, voleur et druide. En plus d’un arbre de compétences, la montée en niveau débloquera un onglet secondaire propre à la classe choisie. Le nécromancien pourra modifier ses serviteurs ou le barbare pourra débloquer des capacités avec des armes dont il aura acquis la maîtrise. Ainsi, même si le fond du gameplay ne pose qu’une réelle différence entre combat rapproché et à distance, chaque classe vous permettra de jouer de vos capacités pour étriper vos ennemis avec l’efficacité que vous jugerez nécessaire. Il est possible à tout moment de réattribuer une partie ou la totalité de vos points de compétence moyennant un paiement en pièces d’or, ce qui ne sera pas de trop afin de ne pas vous enfermer dans un type de personnage et de risquer de vous lasser. De plus, l’équipement n’est pas avare en bonus de capacité et il vous arrivera de vouloir retirer des points d’une attaque que vous n’utilisez plus pour investir dans celle fournie par votre hache légendaire trop stylée. Qu’à cela ne tienne, la transmogrification (mot compte triple au scrabble !) est de retour et vous permet à tout moment d’appliquer le look d’un équipement précédemment recyclé sur votre stuff actuel sans en changer les bonus. Pratique pour parader dans la foule avec un personnage au look et aux capacités que vous voulez.

Heaven for everyone

Sanctuaire propose son lot d’exploration entre quêtes principales et secondaires. La carte est parsemée de donjons annexes dont l’accomplissement pourra débloquer des effets supplémentaires propres à chaque classe qu’il sera alors possible de graver sur vos équipements pour pouvoir les utiliser. Certains étant particulièrement puissants, ils conditionneront quand même votre motivation à parcourir ces donjons. Difficile néanmoins d’être charmé par la possibilité de booster un sort de sorcier si votre personnage est un voleur… Parmi les nouveautés de cet épisode, vous pourrez trouver les Bastions, des forteresses ou des villes contestées par toutes sortes de forces ennemies, où il vous faudra accomplir une série de quêtes afin de pouvoir les libérer et y accéder en tant que points de relais. Ces derniers vous permettent, comme dans les épisodes précédents, de vous téléporter librement d’un point à l’autre. Il est toujours possible de retourner à tout moment en arrière via le portail que vous venez de créer, pratique quand vous êtes dans un donjon mais que vous avez besoin de vider vos poches ou réparer votre équipement chez un forgeron avant de prolonger l’exploration sans perdre votre progression. Surtout que chaque mort de votre personnage n’est pas synonyme de game over mais de perte de durabilité de votre équipement. Vous réapparaitrez au dernier point de passage/sauvegarde tandis que les bonus de vos équipements seront diminués. Cela n’est cependant pas valable si vous avez choisi le mode extrême à la création, car votre personnage sera alors perdu définitivement.

L’aventure est jouable seul ou, sur consoles, avec un deuxième joueur muni de sa manette, mais le plus important du multijoueur se situe en ligne. Vous pourrez croiser à tout moment d’autres joueurs (le multiplateforme est disponible) sur la carte principale. Il m’est d’ailleurs arrivé de débarquer sur le lieu d’affrontement d’un ennemi puissant pour constater qu’un autre joueur venait de lui donner le coup final ce qui a permis de valider ma quête. Les donjons et autres quêtes majeures étant par contre instanciés, il faudra former une équipe si vous voulez vous y lancer en groupe de 4 maximum. Ainsi, la composante en ligne n’est pas obligatoire pour chasser Lilith, mais y renoncer vous fera passer à côté d’aides et du système de clan, autant utile pour la socialisation que pour participer à des événements particuliers.

Heaven and Hell

Voilà donc un jeu dont la formule éprouvée a sûrement un peu mal vieilli et s’adressera donc aux joueurs sensibles à ce genre d’aventure et d’univers. Pour preuve, la direction artistique qui arbore une palette de couleurs plutôt froides où le bleu, le kaki ou encore le sépia côtoie le rouge sang omniprésent. Chaque région aura d’ailleurs son thème chromatique qui rappellera à tout instant le type de décor traversé : le vert marécageux, le sable du désert, les pierres bleutées des monastères, … La splendide cinématique d’ouverture, dont Blizzard a la secret, est sanglante et donne le ton mais est l’une des rares de cette qualité. En effet, la plupart des scènes de l’histoire utilise le moteur du jeu qui affiche alors des modèles de personnages passables qui ne rendent pas justice à la luxuriance des détails des décors. Comme toujours, les textures de pierre, végétaux, tissus et métaux sont à tomber mais les choses se gâtent très vite pour le reste. Les thèmes musicaux sont relativement discrets au profit d’ambiances sonores très convaincantes et riches en bruitages. Ainsi, l’identité visuelle est strictement respectée et fait même oublier les égarements de l’épisode précédent.

Tout cet emballage prompt à faire réagir le fan de Sanctuaire va cependant vite faire pâle figure à côté des omissions de cet épisode. Force est de constater que, dans un souci d’accessibilité sûrement, le jeu est très direct et aura tendance à vous assener une montée en niveau très rapide. Pour preuve, la possibilité de passer la campagne pour vos personnages si l’un d’eux l’a déjà finie. La gestion de l’inventaire a été très simplifiée et à part la durabilité de votre équipement, vous n’aurez que très peu de choses à gérer. Il se dégage un air de « die and retry » basique où les hordes d’ennemis à affronter ne seront qu’une excuse de plus pour passer de niveau ou récupérer du meilleur équipement. Tout semble vous tomber dans les mains tant que vous terrassez des hordes d’ennemis et pas mal de mécaniques de jeu de rôle ont même simplement disparu. Ce quatrième épisode est à la série Diablo ce que le Aliens de James Cameron est à la série de film Alien : une suite orientée action qui use des codes de son aîné en omettant ce qui faisait le sel de son univers.

Comme à mon habitude et sûrement poussé par l’idée qu’une image vaut mieux qu’un long discours, je vous laisse ici avec un extrait d’un Twitch consacré à cet épisode. Peut-être se croisera-t-on sur Sanctuaire, le clan Press-Start.be est ouvert à tous si vous cherchez à trucider du démon en bonne compagnie !

Note

14/20

Diablo IV opère un retour réussi à une direction artistique plus sombre et adulte où le glauque côtoie le désespoir. Les classes jouables proposent assez de variété dans leur approche que pour pouvoir combler tous les styles de joueurs. L’aspect « console friendly » aura par contre tendance à faire grincer des dents les puristes ou les rôlistes. Le jeu distille un gameplay très direct et orienté action qui occulte beaucoup de mécaniques qui contribuaient pourtant au charme et à l’identité de la série. Un épisode qui tente donc de s’ouvrir au plus large public au risque de décevoir les fans de la première heure.

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